jeudi 9 juin 2011

Trombinoscope Nataly Hamon





Je m’appelle Nataly Hamon. Le théâtre est devenu pour moi une passion, après la 3ème, j’ai voulu intégrer l’option théâtre au lycée car c’était pour moi un monde encore inconnu, un monde que je ne connaissait pas mais qui m’attirait, qui m’interrogeait. C’était aussi pour moi un des moyens qui pouvait m’aider à vaincre ma timidité. J’étais très curieuse de ce monde nouveau, je n’avais jamais mis les pieds dans un théâtre, je n’avais même jamais joué sur une scène, mais au fond de moi je savais que le théâtre était quelque chose qui me plairait. En effet, depuis toute petite j’aime me donner en spectacle, me mettre dans la peau d’un personnage, ne pas être moi-même. C’est quelque chose qui me plaît beaucoup et qui me donne l’impression d’être quelqu’un: d’exister réellement, ce qui pourrait paraître paradoxal, mais je pense que c’est en « incarnant » plusieurs personnages qu’on se rend compte de qui l’on est vraiment. C’était aussi pour moi un moyen d’attirer l’attention sur moi. J’avais le besoin d’être celle qu’on écoute et qu’on regarde. Lorsqu’en seconde j’ai intégré l’option, j’ai tout de suite été enchantée. Comme je m‘en doutais, je n’ai pas été déçue, mais bien au contraire, ma curiosité m’a permis de connaître le monde du spectacle théâtral, un monde de plaisir, de joie, de bonheur. Au fil des années, mon amour pour le théâtre n’a fait que grandir: grâce à cet art j’ai su et appris qui j’étais, ce que j’étais capable de faire et je me suis surprise à me dépasser moi-même; à ne plus pouvoir me contrôler. Je crois qu’au fond de moi, et cela est mon impression, j’ai touché le théâtre-même du bout des doigts. Le sentiment de bien-être et de plaisir que l’on peut ressentir sur un plateau je ne le ressens que lorsque je joue du théâtre. Le théâtre m’a permis également de m’ouvrir aux autres, lorsque j’étais plus jeune je n’osais pas aller vers les gens, j’étais très timide et j’avais peur du regard des autres; mais grâce au théâtre j’ai appris que le regard n’était qu’ apparence et qu’il suffisait d’être soi-même. En réalité même si au théâtre on se cache derrière un masque où un personnage il y a toujours une part de soi qui entre en compte, et c’est comme ça, en tout cas pour moi, que j’ai appris à me connaître. Je sais maintenant qui je suis, ce que je suis capable de faire, mais sur tout j’ai changé. Je suis devenue une femme qui n’a plus peur du regard des autres et qui s’est ouverte aux autres. Mais le théâtre ne m’a pas uniquement apporter bien-être. Je veux dire par là que j’ai pu vivre une expérience, je pense, essentielle et unique au monde: une expérience humaine très enrichissante à tout point de vu. Vous savez de jouer dans une troupe de théâtre pendant trois ans de suite, vous fait prendre une certaine conscience de la vie, une conscience collective et humaine. Vous devez créer des liens avec des gens inconnus pour vous, vous devez partager avec eux, vous dévoiler totalement: cela paraît difficile et ça l’est, mais quand vous dégagez tout le superflu, toute la peur, toute les réticences alors vous vous rendez compte que vous êtes devant des personnes formidables, qu’elles soient des jeunes filles de 18 ans ou encore des professeurs ou des comédiens.
Comme je vous le disait un peu plus haut, grâce au théâtre j’ai été surprise de ne plus me contrôlée, d’oublier mon corps et de n’être plus moi. C’était l’an dernier lorsque nous avons mis en scène L’Odyssée d’Homère. Je jouait dans la scène du massacre, lorsqu’Ulysse rentre chez lui et se venge des prétendants. J’étais alors le narrateur qui racontait la scène, lors d’une représentation je n’ai plus réussi à contrôler mon corps, j’étais hors de moi: les mots sortaient de ma bouche sans que je puisse les arrêter. Ce jour là, je pense que j’ai vraiment ressenti et vécu le théâtre du bout des doigts. Comme dirait Novarina, je pense que ce jour là je suis devenue une marionnette, je me suis mise à nue et je suis venue « mourir » sur scène. Cette idée semble horrible dite ainsi, mais moi je ne ressentait que fierté et plaisir.
Cette année nous mettons en scène trois pièces totalement différentes, c’était un enjeux très difficile pour nous de réussir à mélanger ces trois œuvres. Nous avons notamment eu beaucoup de mal à nous familiariser avec Novarina. Cet univers « incongru » et étrange nous mettait un peu mal à l’aise. Mais au fur et à mesure des séances, nous prenions confiance en nous, et au bout d’un certain temps, il est vrai, Novarina est devenu l’œuvre la plus « simple » à interpréter. Nous nous sommes imaginées nos propres créatures et avons pris un grand plaisir à devenir des « animaux », des personnages imaginaires. Dans l’Acte Inconnu je joue Le bonhomme Nihil. Ensuite, j’ai pris le rôle de Clytemnestre, dans Agamemnon d’Eschyle, après le meurtre d’Agamemnon et de Cassandre, enfin je fait partie des filles qui disent le texte d’Alcandre, l’éloge du théâtre, dans l’Illusion Comique. Le fait que nous soyons toutes investies dans ce travail, qui prend tout son sens lorsqu'on parle d'un travail collectif nous permet de nous investir au maximun. Nous sommes alors solidaires les unes avec les autres et c'est ce qui fait notre entente et notre motivation, mais aussi notre plaisir de jouer sans jamais s'ennuyer. Nous apprenons toujours quelque chose de nouveau, car à chaque séance quelque chose change et devient nouveau. Personnellement, je m'enrichis de séance en séance.
Étant la dernière année où nous allons jouer un pièce de théâtre toutes ensembles, je suis très excitée mais aussi mélancolique à l’idée de la fin. D’avoir pu découvrir le théâtre, ce que cela m’apportait intérieurement, avec mes camarades a été pour moi une expérience inoubliable. J’ai réussi à me nourrir d’une culture générale et d’une culture artistique grâce à notre professeur, notre comédien et au travail que nous avons fait pendant ces deux dernières années. Je pense que le théâtre est l’événement de ma jeunesse qui m’a fait réagir sur la vie et qui m’a fait devenir la personne que je suis actuellement.

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