vendredi 10 juin 2011

Une affiche pour le travail



La notice pédagogique

Notice pédagogique

TL1 2010 2011

Materia incognita

« Les acteurs sont des peintres. Et les peintres entrent en scène. »

« Paroles et gestes sont jetés, dépensés, matériels, livrés, spectaculaires, en face.

L'acteur parle dans une lutte de couleurs. »

Valère Novarina, « Le débat avec l'espace », Devant la parole.


Le groupe compte 17 filles – et l'absence exceptionnelle de garçons est d'emblée une contrainte dont nous entendons jouer sans tricher.

D'emblée aussi, il est décidé d'inventer une forme qui puisse intégrer les trois univers au programme : concevoir ensemble non pas un bout à bout de scènes prélevées ici et là, mais élaborer puis tenir résolument des partis pris dramaturgiques qui autorisent les univers à se combiner sur le plateau et, pourquoi pas à s'éclairer mutuellement.

Au départ, trois intuitions.

Qu'il faut, d'abord, partir du plateau, et sur le plateau, de la langue et de l'expérience théâtrale singulières proposées par le texte de Novarina. Partir à blanc : la théâtralité de Novarina, si radicale et si déconcertante pour les élèves au premier abord, opère comme une tabula rasa que nous décidons d'affronter à bras le corps. Avant d'en étudier les attendus théoriques en cours, nous choisissons de jeter les 17 filles à corps perdus sur le plateau sans préparation spécifique en faisant confiance à un savoir secret du corps et aux trouvailles de l'innocence. L'idée est de traiter L'Acte inconnu comme un matériau ludique – une materia incognita.

Ensuite, l'intuition que la peinture pourrait avoir utilement son mot à dire : non seulement, Novarina est peintre et participe de la réalisation de ses scénographies, mais la peinture pourrait contraindre efficacement les apprenties à entrer de plain-pied dans une logique et une dynamique du corps, dans une pratique « brute », matiériste, susceptible de court-circuiter les réflexes dont nous pressentons l'effet inhibiteur : volonté de comprendre, de saisir une signification, habitude de chercher à se raccrocher à une logique narrative, à vouloir composer un personnage, à « psychologiser »... toutes habitudes auxquelles nous savons que Novarina oblige à renoncer, qu'il contraint à désapprendre. L'initiative est donc cédée aux corps parlant et peignant, au corps impliqué dans une physicalité joyeuse : le protagoniste, c'est le personnage du corps ; le récit, c'est l'aventure que lui fait vivre son exploration de la matière picturale et textuelle.

Ainsi est posé le fil dramaturgique conducteur du travail : muées en « ouvrières du drame », les 17 élèves partiront de rien, d'une boîte noire – le plateau de la salle de pratique encadré de rideaux noirs –, de bassines remplies de peinture et d'une toile blanche posée au sol, pour faire advenir tout un petit monde de théâtre, et, plus concrètement, préparer le terrain aux extraits de l'Agamemnon d'Eschyle que nous entendons présenter. Le verbe novarinien détermine d'abord des trajectoires, commande des gestes, enjoint aux corps des mouvements qui deviennent tracés, couleurs, empreintes et composent dans l'instant une toile. La toile peinte une fois relevée et tendue figure ensuite le « décor » d'une autre théâtralité, celle commandée par la tragédie eschylienne, qui s'invite à son tour sur le plateau, par irruptions successives.

La troisième intuition concerne Corneille : parce que nous avons proposé il y a deux ans un travail appuyé essentiellement sur les chassés croisés amoureux des jeunes gens et la magie illusionniste d'Alcandre, l'on décide au contraire de ne retenir de L'Illusion comique que le personnage de Matamore. D'abord parce que, lui « qui n'a d'être que dans l'imagination, inventé exprès pour faire rire, et dont il ne se trouve point d'original parmi les hommes », relève aussi d'une théâtralité ludique du corps exultant et parlant, qui entre en écho avec celle de Novarina et puise à des sources communes, notamment celle de la Commedia dell'arte. Ensuite parce que « c'est un capitan qui soutient assez son caractère de fanfaron » et qu'à ce titre il peut aussi bien figurer une sorte de double grotesque d'Agamemnon. Notre Matamore surgit donc dans la représentation à la marge, histrion en contrepoint, invité surprise venu faire son numéro et disparaître aussi vite qu'il est apparu. Il figure opportunément l'Agamemnon qui nous manque : décidé à ne pas esquiver la contrainte d'une distribution monosexuée, nous convenons de ne retenir de la pièce d'Eschyle que des partitions de femmes. Le récit du retour tragique du guerrier sera pris en charge par les seules voix de Clytemnestre et de Cassandre, qui sont d'ailleurs à coup sûr les figures les plus marquantes de la pièce : Agamemnon, c'est moins la tragédie de la guerre que font les hommes que la tragédie de ce que la guerre fait aux femmes. Nous décidons aussi d'exclure la question du choeur – ou plutôt de la déplacer : le choeur ici est plutôt celui des « ouvrières du drame » qui prennent en charge, conduisent et régissent à vue l'ensemble de la représentation.

Evidemment, l'ensemble de ces partis pris commande aux élèves un engagement, une énergie et une entente collective singuliers : le travail se construit à vue, sans coulisses, tout s'enchaîne et s'entremêle sans solution de continuité. Elles ont tout du long et simultanément en charge d'être à la fois comédiennes, régisseuses, techniciennes, peintres. Ce que donne à voir la forme élaborée, c'est avant tout l'apprentie actrice au travail, l'élaboration concertée et collective d'une forme. Chaque élève a donc pris en charge un travail de fond, initié en cours et poursuivi en autonomie, sur les écritures des trois auteurs : du vers libre de la traduction de Mnouchkine à l'alexandrin cornélien en passant par la loghorrée néologique de Novarina, l'on exige d'elles à la fois la rigueur de la diction, l'assimilation de la rythmique et de la respiration propres à chaque auteur – et l'appropriation de la pensée et des sentiments des personnages chez Eschyle.

Elles doivent ainsi sauter d'une théâtralité l'autre, sans transition ou presque – et notamment assurer le passage d'un type de jeu à un autre. Autant le théâtre de Novarina commande un jeu extraverti, excessif, imaginatif, frontal, où le texte est jeté, proféré, lancé comme une matière, où la pensée est court-circuitée par le rythme allegro des entrées et des sorties, autant Eschyle réclame le travail d'une composition de personnage, une intériorisation de la situation et de ses enjeux dramatiques, exige de penser ce que l'on dit, de ramener à soi, de donner poids et densité à la parole. Pour cinq d'entre elles, il a fallu aussi se risquer à l'exubérance comique de Matamore, inspirée du jeu masqué.

Toutes, par ailleurs, sont amenées à se tenir en réserve du plateau, mais à vue. Elles doivent donc s'astreindre à la rigueur de l'écoute du partenaire au travail ou assumer la co-présence sur le plateau d'autres corps en arrière-plan. Il s'agit finalement pour chacune de replacer sa partition, qu'elle soit parlée, muette ou picturale dans la partition d'ensemble et au service de la forme créée collectivement.

Les élèves ont été enfin incitées à prendre la part la plus active dans le processus de travail et de création et à faire preuve de la plus grande autonomie :

le journal de bord, grâce au blog projet.homere.blogspot.com, est entièrement de leur composition - hormis les contributions du « coin du prof » ou celles, techniques, destinées au jury ;

le travail de montage des trois textes et la distribution ont été faits avec leur collaboration et en tenant compte de leurs désirs ;

les lés de tissus des toiles destinées à être peintes ont été assemblées par des élèves ;

les costumes et maquillages pour les épisodes d'Agamemnon ont été réfléchis, conçus et réalisés par leur soin exclusif.

Les élèves ont aussi et enfin accumulé une expérience de spectatrice en allant voir 9 spectacles cette saison, dont voici la liste :


Les Chaises Ionesco/Bondy mer 6 oct Nanterre

Pacifique* Martin-Gousset jeu 14 oct L'/Louvrais

La servante Zerline* Broch/Beaunesne jeu 25 nov L'/Louvrais

Klaxon, trompettes et pérarades Fo/Prin mer 8 déc Nanterre

Ithaque Strauss/Martinelli mer 19 jan Nanterre

Dealing with Clair* Crimp/Maurice jeu 3 mars Sartrouville

La maison de poupée* Ibsen/Veronese jeu 31 mars Sartrouville

La face cachée de la lune R Lepage ven 29 avril Sartrouville

Fin de partida Beckett/Lupa merc 18 mai Nanterre

* Rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation


jeudi 9 juin 2011

Une envie nommé Théâtre




Je resterai fidèle à moi-même, ni grande émotion, ni grand moment de confession sur moi ou ma vie, juste une vue d’ensemble car le but n’est pas que je pleure devant mon écran au moment d’écrire ceci. Ce sera donc une mini « bio » à mon image : réservée. Pas de passage de mon enfance ou de moments de la vie qui m’ont fait réaliser que j’avais besoin de cette « chose » tantôt brute et provoquante, tantôt fine et poétique, entre une matière palpable et une autre totalement imaginaire, communément appelé art et que je préfère nommer théâtre.

Donc le Théâtre : L’envie de faire du théâtre m’est venue en fin de 3ème au moment de choisir une option pour la rentrée à venir. Mais malheureusement refusée après un entretien, j’ai attendu l’année de Première pour pouvoir enfin commencer cet art. La première chose qui m’a plu était l’ambiance qu’engendre le travail en groupe autour d’un projet de théâtre. Ma seule envie était de continuer encore et encore… Le théâtre pour moi consiste à faire semblant jusqu’à ce que tout devienne réel ; on pourrait comparer ça au pays imaginaire de Peter Pan.

La grande motivation que je trouve dans ce projet est de le monter d’un bout à l’autre avec nos propres moyens, notre propre vision et notre propre parti pris (dans la limite du possible bien sûr). Évidemment le travail en équipe demande certain compromis, et c’est justement de devoir faire quelques « sacrifices » qui nous fait évoluer. Nous avons toutes des ambitions différentes pour ce travail, toutes nos envies et nos connaissances dans des domaines divergents. C’est cette différence de point de vue qui a rendu le projet intéressant. Le fait que chacune ait apporté sa touche personnelle c’est ça qui a rendu le projet vivant et tellement enrichissant.

J’ai beaucoup appris pendant l’année et demi que j’ai passé avec le groupe (je n’ai pas eu la chance de passer deux années entières avec les filles car je les ai rejointe au milieu de mon année de Première), aussi bien humainement que culturellement. (J’ai finalement obtenu ce que je voulais !) En effet en rejoignant un tel groupe, je recherchais avant tout à m’éclater bien sûr mais pas seulement, c’était pour moi l’occasion de faire la connaissance de personne avec lesquelles j’avais au moins une chose en commun : le théâtre ! J’ai découvert des filles intéressantes, gentilles, drôles et avec qui j’ai pu créer quelque chose. Des affinités plus ou moins prononcées ce sont tissées et des amitiés ce sont confirmées. Je me considère vraiment chanceuse en fait, car si j’ai eu l’opportunité de vivre cette grande aventure, qui est une expérience très importante pour moi (et dont nous allons toutes garder un beau souvenir je pense) c’est grâce à Mr Dieudonné et Marc qui ont « accepté ma candidature » après une lettre de motivation accompagnée d’un très grand sourire de supplication (non je n’en rajoute pas du tout ^^). Ça a été l’occasion d’en apprendre plus sur moi-même ; en effet je n’étais pas aussi sûre de moi que je voulais bien le croire, j’ai appris que derrière l’apparence d’une fille distante au premier abord il y a en fait une personne timide qui ne demandait qu’à partager. J’ai finalement appris à faire confiance et à me livrer à des filles qui, il n’y a pas si longtemps, étaient de parfaites inconnues, et par la même occasion j’ai trouvé ce plaisir de « jouer » avec elles (même s’il est la plupart du temps accompagné de sérieux doutes).

Je pense vraiment mettre fait une place dans le groupe, je ne saurais pas la définir mais je sais que je fais vraiment parti à part entière de ce groupe de théâtreuses. Maintenant je n’espère qu’une chose : que ce ne soit surtout pas le dernier projet que l’on ait l’occasion de « produire » ensemble et que l’aventure ne s’achève pas là.


Charlène

L'aventure.


Une présentation basique résume en quelques mots qui nous sommes, ou plutôt qui nous avons l’air d’être. Soit une jeune fille de dix-huit ans, lycéenne et littéraire, qui s’appelle Jane Roussel, sage et studieuse. Elève de la classe théâtre, marginale parmi dix-sept autres depuis trois ans.


Mais ce n’est qu’une présentation superficielle, aussi peu profonde qu’une photographie de vous avec un grand sourire collé et tiré jusqu’aux oreilles. Elle annonce bien mais ne fait pas tout. Ce qui fait tout est l’à-côté, c’est cette étoffe qui s’est tissée autour de moi durant ces trois années. C’est ce qui sauve et réjouis, ce qui amuse et tracasse, ce qui nous transforme au fil des scènes, le théâtre.


Le théâtre a commencé par être notre plus fidèle compagnon, celui qui nous suivait partout avec ses personnages. Mais très vite il devient celui qui nous habite, cette part si grande de nous-même qu’elle devient indissociable du reste et finit par devenir partie intégrante, illustration de nous-même. J’écris au pluriel car ce qui caractérise principalement cette expérience de vie est l’incroyable union qui s’est formée, entre moi et le théâtre ainsi qu’avec mes camarades, mes sœurs de plateau, et moi. Chacune est différente, bien particulière, mais nous formons un tout qui est notre théâtre, notre passion joyeuse et merveilleuse, qui, fusionne en un tout et se brise en morceaux, afin que chacune nous ayons en nous un fragment de ce tout. Je ne me présente jamais sans parler du théâtre, je ne me présente pas non plus sans évoquer mon groupe, toutes ces personnes qui possèdent un peu de moi et ne cessent, à chaque fois, de m’offrir un peu d’elles. C’est pour cela que je commence par là, par vous dire que je suis une partie d’un tout et que ma définition ne va pas sans préciser que j’appartiens à notre passion commune, construite ensemble : le théâtre.


J’ai commencé le théâtre à l’âge de 12 ans, en classe de 6ème lors d’un atelier facultatif proposé par notre professeur de français, mais sans poursuivre sérieusement ensuite. J’y avais pris un grand plaisir et m’étais surtout rendue compte de l’effet bénéfique que cela avait eu sur moi, à savoir la perte de la timidité tout d’abord mais aussi l’effet de rapprochement que cela avait crée à la fois entre les élèves mais aussi avec les professeurs. J’aimais l’idée d’un cours qui n’en étais pas un, mais d’un espace libre d’expression qui nous faisait mûrir, nous défoulait et nous amusait. J’ai toujours été plutôt à l’aise à l’oral et j’avais tendance à faire du théâtre « à tout bout de champ », un peu tout le temps. La culture théâtrale m’attirait aussi beaucoup, l’option que proposait le lycée Montesquieu était donc parfaite pour moi, elle me permettait de continuer cette activité qui me plaisait et d’en découvrir aussi l’aspect plus intellectuel.


Je suis entrée dans cette option en regardant mes aînées avec envie, en admirant leur originalité, leur marginalité. En rêvant un jour d’être particulière au travers d’une passion. Je nous vois aujourd’hui, après trois ans de pratique, déambuler pieds-nus recouvertes de peinture dans le lycée et tous ces gens nous observer avec une sorte d’admiration dégoûtée. C’est aussi ce que j’aime dans le théâtre, il souligne la différence et lui donne sa force. Nous sommes extrêmement fières d’être particulières ensemble et nous cultivons cette originalité. J’utilise le théâtre partout, dans tout ce que je fais. Aussi bien pour interpeller une amie à l’autre bout d’un couloir que pour réaliser un exposé ou avoir un examen oral. Il m’aide à survivre à la moquerie, à me détacher des normes, à surpasser le regard de l’autre, à tout dédramatiser. Je me suis séparée du peu de timidité que j’avais, le trac ne m’est plus que bénéfique et le théâtre me détache de mes angoisses, de mes peurs réelles.


Je me présente donc comme un morceau de théâtre humain, car il me permet tout et suscite toujours l’envie, le plaisir de travailler, de comprendre et de s’exprimer. Il est mon exutoire et un bonheur continu commun à nous toutes. Jouer c’est se mettre nu devant la foule, c’est dévoiler tous ses défauts, se laisser juger mais c’est aussi pour moi aller au-delà des défauts, se défaire du jugement et ne vivre que pour soi, simplement pour le plaisir du jeu. Je suis avec cette bande de filles depuis trois ans, ensemble et plus fortes pour affronter ce mur humain qu’est la vie, face à nous. Nous sommes nous-même de vrais personnages, entre tragique et comique, des Cassandre désespérées, des ouvriers du drame survoltés. Je reçois le théâtre et le rends, il me traverse et me grandit, il m’a apporté toute ma culture, toute ma sensibilité artistique. Et je suis certaine aujourd’hui qu’il est l’élément décisif du reste de nos vies.



Trombinoscope de Camille


Je m'appelle Camille Monnier et je pratique l'option théâtre obligatoire depuis quatre ans maintenant. Le théâtre était, à la base, un univers dans lequel j'ai été indirectement bercée durant mon enfance. En effet, à travers plusieurs jeux imaginaires que je faisais avec ma grande soeur, j'ai commencé mes premiers pas de petite comédienne. Je me souviens clairement des effets que ces jeux me produisaient... Légèreté et amusement étaient les principales sensations. J'avais l'impression d'être quelqu'un d'important, qui avait donné un sens à sa vie, qui avait une histoire, un passé, un présent et un futur. Extravertie et paradoxalement timide, ces jeux me construisaient petit à petit et me permettait de m'évader au-delà de la dure réalité de la vie. Puis, la fin de ma troisième arriva et mon choix pour mon option de seconde était simple et décisif. L'option théâtre obligatoire du lycée Montesquieu serait à moi. J'étais dans l'optique de renforcer et d'approfondir ces esquisses de jeux que je faisais depuis toute petite. mais avant tout d'assouvir mon envie et mon attirance pour le théâtre. L'un de mes buts principales tait de vaincre et de surmonter ma timidité, d'avoir un peu plus confiance en moi en me glissant dans la peau d'un personnage fictif, en découvrant ce monde que je connaissais pas tout à fait.
Aux premières séances, j'ai été toute de suite satisfaite, éblouit et un peu étonnée car je prenais vraiment conscience de ce qu'était le théâtre, le véritable. J'ai passé quatre années à apprendre des choses sur moi même et à découvrir ce dont j'étais réellement capable sur scène. J'ai été subjuguée à maintes reprises par l'émotion en citant des textes, des bouts de mots aussi touchants que bouleversants et notamment lors de mon passage dans la pièce La Fausse Suivante de Marivaux lors de ma deuxième seconde où je jouais la comtesse. Ce souvenir restera gravé en moi car à chaque représentation les larmes me montaient aux yeux et je sentais un lien et un contact se créer avec le public. Ainsi, c'est à ce moment que je me suis rendue compte de ce que le théâtre pouvait me procurer de sincère et de pur. Ce moment déclencha ma passion pour cet art. Depuis, j'accorde une importance particulière au théâtre dans ma vie. Je suis très attachée aux choses que m'a apporté le théâtre. Ma culture personnelle et théâtrale a été décuplée, j'ai appris beaucoup des autres, de moi-même et je pense avoir mûrie grâce à mon groupe de travail aussi éclectique que surprenant.
L'année dernière, lors de ma Première Littéraire, nous avons travaillés sur l'épopée merveilleuse d'Homère, l'Odyssée. Je jouais le rôle de Nausicaa, la fille du roi de la Phéacie, Alcinoos et d'Arétée, sa femme dans une scène muette où musique, harmonie et naïveté étaient au rendez vous. Le fait de jouer sans texte était une expérience personnelle très riche et qui m'a beaucoup plu. L'expression du visage et la tenue du corps étaient des facteurs essentiels et importants pour réussir ce passage. C'était notamment des difficultés car tout était centré sur une attention visuelle particulière et de ce fait, ma timidité fut un obstacle que j'ai du franchir et que je pense avoir surmonté avec brio. En effet, soudainement, quand j'apparaissais sur scène, devant tous les spectateurs, ma peur disparaissait et le plaisir de jouer survenait. Cette sensation me fait toujours du bien quand je la ressens en passant devant tant de monde. J'oublie qui je suis, tout ce qui a autour et je joue sans penser, sans réfléchir...
Par ailleurs, en plus de jouer ce rôle, j'ai beaucoup travaillé dans le collectif dans plusieurs passages notamment dans la scène du massacre des prétendants où nous avions danser sur une chorégraphie simple mais efficace et lors de la rencontre entre le cyclope, Polyphème et Ulysse et de ses compagnons. Ces différents travaux collectif m'avaient permis de créer de vrais liens avec quelques unes de mes camarades en plus du stage théâtre de cette année qui fut un séjour révélateur et bénéfique.
Cette année, nous interprétons une pièce "3 en 1" c'est-à-dire qu'elle est composée de trois pièces récentes ou anciennes. Il y a l'Illusion comique de Pierre Corneille, Agamemnon d'Eschylle et L'Acte inconnu de Valère Novarina. Une importante partition m'a été attribuée, dans l'un des passages de la pièce d'Eschylle. Elle concerne Clytemnestre, après le meurtre de son mari, Agamemnon et de sa maîtresse Cassandre. Pour ce passage, j'ai du beaucoup travailler sur moi et sur les émotions que le texte me procurait. J'avais du mal à contrôler mon débit de parole et ma façon d'articuler. Après plusieurs séances de travail , les choses ont évolués et je suis, je pense, maintenant prête à jouer ce personnage imposant. Sa force, sa détermination et son sang froid caractérisent mon personnage. Cela me terrifiait au début, tellement les émotions étaient puissantes et fortes. Mais, aujourd'hui, je suis vraiment fière de jouer ce rôle, il m'a apporté beaucoup et m'a donné également de l'assurance à force de travail et de persévérance.
Concernant l'Acte inconnu de Novarina, j'attache une place particulière à cette pièce, bien qu'elle reste incompréhensible, elle est vraiment hilarante et débordante d'originalité. Mes passages restent avant tout un moment amusant. Ils me procurent beaucoup de plaisir quand je les joue. J'ai appris à m'abandonner, éviter le contrôle de moi-même, me mettre à nue et surtout me lâcher. Je pense qu'elle m'a permis de prendre plus confiance en moi et surtout de vaincre ma timidité et ma peur de toujours vouloir bien faire.
Cette dernière année a été l'aboutissement d'un enrichissement, la fin d'une belle aventure, même si je sais que je peux continuer le théâtre, ce ne sera plus pareil. Notre groupe de théâtre va s'éparpiller l'année prochaine dans les quatre coins de l'Ile de France ou ailleurs et cette idée me rend mélancolique...
Je voudrais remercier du fond du coeur notre professeur de théâtre et notre comédien pour leurs enseignements, tout ce qu'ils m'ont apportés et surtout, pour avoir fait du théâtre un véritable moment de bonheur pour moi.

Trombinoscope Anastasia Foucher






Je m’appelle Anastasia Foucher. Dés l’enfance, on peut dire que j’avais l’âme d’une petite actrice. En effet, j’adorais me déguiser, imiter des personnages de dessin-animé, créer des histoires… Tout mon entourage m’appelait la petite comédienne. J’ai toujours été très ouverte et intéressé par pleins de choses. Mes parents nous emmenés faire beaucoup de visites culturelles (musées, châteaux…). Ils voulaient que nos esprits s’ouvrent à toute sorte de choses et que nous ayons une certaine connaissance culturelle. Malgré ses visites, je ne connaissais pas beaucoup de choses sur le théâtre. Cependant, un jour j’eus le déclique. Pour mon dixième anniversaire, mes parents m’ont emmené voir la célèbre comédie musicale : Roméo et Juliette. On peut dire que cela a été une certaine révélation théâtrale. Même si les comédies musicales sont souvent très chantées, il ne faut pas oublier que le théâtre est aussi présent. J’ai pu découvrir un univers qui me plaisait et me fascinait. Malheureusement, je n’ai pas pu pratiquer le théâtre avant la classe de seconde. J’ai alors passé un entretien et j’ai été accepté. Lors de mon premier cours de théâtre au lycée, j’étais effrayée et un peu réfractaire. La peur du ridicule se ressentait dans mon jeu. Je n’osais pas me mettre en avant et exprimer mes sentiments. A cause de cela, je n’arrivais pas à me plonger correctement dans le travail dans le plateau même si ma motivation était présente. Ce blocage était à cause de ma timidité. J’observais les personnes de mon groupe jouer sur le plateau et ils étaient à l’aise et même doués. Voyant que cette timidité me bloquait et empoisonnait mon jeu, je sortais des cours complètement démotivé et à la fois en colère et triste. Ne m’étant pas assez engagé dans le groupe tout le long de l’année, mon travail de fin d’année dans la fausse suivante de Marivaux était relativement médiocre. Puis, mon année de première a été un changement total. Nous avons travaillé sur l’Odyssée d’Homère. Nous avons dut travailler en petit groupe sur un chant de l’Odyssée et faire une proposition de jeu à notre professeur et à notre intervenant. Nous avions choisit le chant VI, lorsqu’Ulysse apparaît à Nausicaa. Dans cette proposition, il n’y avait pas de texte, toute notre proposition s’est faîte avec le corps. Ce qui était ma principale difficulté. J’avais du mal à me montrer sur scène, j’avais peur de mal faire les choses et d’être ridicule. Nous avons été quatre à travailler sur ce Chant. Nous avons toute eut beaucoup d’idées. Le fait d’être aussi captivé par une mise en scène, d’être ensemble lors du jeu et de s’écouter était une sensation extraordinaire. Notre proposition a été retenue par notre professeur même si il y avait encore beaucoup de travail. Au départ nous avions juste eu l’idée de la baignoire. En effet, Ulysse était amené par les servantes dans la baignoire et celle-ci l’auraient lavés. Nous avons alors beaucoup travaillé tout au long de l’année, mais notre travail final a porté ses fruits car il a beaucoup eut de succès auprès du public. En effet, nous étions des servantes de Nausicaa et nous jouions, nous lavions le linge… Nous avons ensuite tendu les draps sur des fils à linge et Nausicaa est apparu derrière ses draps. Elle est allée chercher Ulysse dans le public puis grâce à un jeu de lumière nous avons vu l’ombre d’Ulysse. Nous avons vu alors en ombre chinoise, toutes les abutions d’Ulysse faites par les servantes. Ce travail a été intense et remplit de difficultés. N’étant pas très à l’aise avec mon corps, j’ai su me découvrir. J’ai réussi à dépasser mes limites, à me mettre en avant sur scène et je n’avais pas peur de regarder le public dans les yeux. Je ne faisais plus attention à mes moindres faits et gestes. J’étais complètement transporté à l’époque d’Ulysse et ceci était un vrai bonheur. De plus, dans cette pièce, l’écoute et l’unité du groupe était essentiel. Nous avons appris à nous connaître, à travailler ensemble et à s’entraider. Nous pouvions confier les unes aux autres et cette unité a permis de faire vite progresser notre travail.
Cette année, nous avons quitté la mythologie pour nous plonger dans trois univers complètement différents les uns des autres. En effet, nus avons trois œuvres au programme : L’Acte Inconnu de Valère Novarina, Agamemnon d’Eschyle et l’Illusion Comique de Corneille. J’ai eu beaucoup de mal à me transporter dans l’univers étrange de Novarina. Je trouvais ce texte incompréhensible, il n’y avait pas d’histoire et pas d’intrigue. Puis, j’ai su me détacher de ces inconvénients et cette pièce fantaisiste m’a beaucoup plu. Le fait de travailler avec le corps, d’inventer des créatures, d’innover apporte une certaine libération. Les paroles novariniennes nous obligent à faire un effort physique surhumain. Le fait de dire le texte engage une impulsion de notre corps. Chaque fois que nous entrons sur le plateau, notre regard doit être face au spectateur et nous devons être les yeux grands ouverts. Personnellement, je joue du novarina avec plaisir car je suis complètement investie par le texte. Je suis peut être épuisé après cela mais j’aime me plonger dans cet univers remplit de décadences. Une de mes principales difficultés dans l’Acte Inconnu était que j’avais tendance à mettre de l’affection. Les sentiments sont l’ennemi de novarina. Avec l’expérience, j’ai su affronté ces problèmes et maintenant, dés que je suis sur le plateau, je me laisse transporter par ses créatures étranges et doué de parole. Ensuite, j’ai un rôle assez important dans Agamemnon d’Eschyle. Je joue Clytemnestre, l’épouse d’Agamemnon délaissé par son mari. Il faut s’approprier le texte et interpréter la pensée de Clytemnestre. Au départ, je n’arrivais pas à me plonger dans ce personnage assez complexe. J’ai dut reprendre toutes les phrases et leur donner une signification. Au départ, nous devions travailler sur l’unité. Les quatre Clytemnestre devaient être ensemble et l’écoute était très importante. Cependant, malgré mon écoute attentive, je n’arrivais pas à trouver ma place et j’avais l’impression d’être emprisonné dans ce chœur. Puis, nous avons décidés de changer et de faire disparaître cette idée de chœur. Cela ma soulagé d’un gros poids. Je peux maintenant faire entendre la pensée de Clytemnestre et être complètement possédé et habité par ce personnage. Je me déplace sans être collé aux autres filles jouant Clytemnestre et cela permet d’oublier ma personne. Je rayonne alors en tant que Clytemnestre et en pensant à ses paroles et à ses émotions, le texte sort tout seul de ma bouche sans que j’y pense.
Durant mes années de théâtre ; j’ai appris à me connaître, à relever les défis que je mettais posé et à affronter mes peurs. Ma timidité à disparut peu à peu et j’ai appris à dépasser mes limites. Chaque fois que je joue, je me surprends moi-même de part mes faits et gestes. On peut dire que le théâtre m’a beaucoup apporté d’un point de vue intellectuel, psychologique et m’a permis de faire partis d’une troupe de théâtre merveilleuse.

Margot Ferrera


Je suis Margot, je pratique le théâtre en option lourde depuis l’année dernière, n’ayant pas commencé en seconde, comme la majorité des filles du groupe. Mais depuis que je suis petite, je recherche toujours des moyens de me détacher du monde bien réglé et terne de la vie de tous les jours, par le dessin tout d’abord, puis par la danse. Je suis bonne élève et sérieuse, pourtant j'essaie à tout prix de sortir d'un carcan scolaire et prosaïque. J'avais besoin de rencontrer des personnes qui avaient elles aussi ce besoin de rêver, de s'embarquer dans une aventure différente, vraiment humaine. C'est peut être un lieu commun mais j'étais très réservée voire fermée avant de rentrer en Première. J'ai seulement eu une expérience en primaire où j'avais joué une petite forme avec ma classe. Cela m'avait passionné, non seulement pour ce qu'on nous demandait sur le plateau, le jeu dans sa généralité, mais aussi pour tous les "à côté" : tout un groupe qui s'implique, rit ensemble en coulisses. L'idée d'un univers un peu fou qui contamine notre univers quotidien. On ne pense plus qu'à ça. Une expérience entière.
En effet, depuis 2 ans maintenant, notre professeur Julien Dieudonné nous pousse à ouvrir notre esprit créatif chaque jour un peu plus, à se débarrasser de toute gêne et inhibition pour nous plonger en totale immersion dans les textes et univers des auteurs que nous abordons, avec une grande rigueur. Le groupe (nous sommes 17 filles) est très important. Ajoutée à une aide sur le travail, il y a un vrai soutien dans les interrogations, les angoisses, dans la motivation. Je m'en rend compte aujourd'hui, chacune des filles laisse un petit chromosome en moi, soit parce que je les admire et essaie de rejoindre leur niveau, soit parce que je me reconnais en elles quand elles piétinent et c'est l'occasion d'avancer ou d'aider à avancer. Le théâtre fait partie de ce que j'affectionne le plus aujourd'hui. C'est un sas mais aussi un plus pour notre vie future, d'un point de vue scolaire/professionnel et intime. Ecouter, accepter la remarque (car elle a toujours un fond constructif, quoiqu'on en pense), se mettre au diapason de l'autre. Etre naturel, c'est quelque chose qu'on perd un peu (voire totalement) au lycée. Avec les filles, on a moins peur du risque de "casser" son image. On se construit un vrai univers, qu'on a plaisir à partager. Depuis que je fais du théâtre, j'ai beaucoup plus de facilité à parler avec des gens, rire d'une anecdote avec un inconnu en faisant la queue dans un restaurant, que sais-je ?! C'est terre-à-terre, mais c'est une vraie métamorphose !

L’année dernière, nous avons adapté l’œuvre fondatrice d’Homère, l’Odyssée, qui fut un long et intense travail de mise en scène, de coordination : cela fut très formateur, et si je puis me permettre, nous avons pris un pied énorme dans ce projet. En déambulation dans le lycée Montesquieu d’Herblay, nous jouions les différents chants homériques réadaptés selon de nombreux partis pris (le cinéma muet et hollywoodien, le péplum, l’animation...) dans les salles, et chacune avait son rôle à jouer à un moment déterminé, car de nombreux accessoires, effets sonores et de lumières étaient sollicités. Nous jouions tout : le comique, l’épique, le tragique, le conte.. Nous avons même dansé et chanté ! Chacune apportait son idée, et même n’ayant pas de texte (malheureusement, beaucoup de rôles étaient muets) la pièce était chorale. Pour ma part, je jouais le rôle d’Ulysse, et j’avais une grande partition textuelle et chantée. Je devais de plus me «grimer » : transformer ma voix, ma posture, et mon apparence et cela m’a appris à donner mon texte sans aucune barrière physique et quelques soient les circonstances, fussent elles inconfortables (couverte de faux sang, enrubannée dans un drap où j’étouffe, mouillée sous la pluie..) et à raconter quelque chose en laquelle je crois, emmener le spectateur ailleurs. Je ne sais pas si j’y suis parvenue, mais c’est ce que mes camarades et moi nous nous efforçons de faire, car c’est notre rêve.

Cette année, nous ne travaillons plus dans les mêmes conditions. La perspective du baccalauréat nous amène à vous donner une représentation de notre travail, qui ne s'articule pas autour d'un récit en particulier, mais 3, autonomes et singuliers (l'Acte Inconnu de Valère Novarina, Agamemnon d'Eschyle, L'illusion comique de Pierre Corneille). Trouver une articulation à ces trois univers était à la fois laborieux et évident. Dès le début de l'année, nous avons trouvé la piste de la peinture sur scène (on a fait un rapprochement entre la matière plastique sur la toile et toute cette thématique de la naissance, celle d'un monde sous nos yeux, la démiurgie novarinienne). J'ai pensé à cet élément de la mise en scène d'Incendies de Wajdi Mouawad , ce rouleau blanc qui recouvre entièrement la scène alors que celle ci est souillée par la peinture rouge (le sang de Simon, qui se bat sur un ring de boxe), dans le but de la purifier et de passer à une autre étape de la pièce, une autre étape de la vie de ce personnage. Ce passage m'avait particulièrement frappé. Notre travail n'a non pas une logique d'effacement, mais de création perpétuelle.
Dans Agamemnon, j'interprète avec Anastasia, Charlène et Elodie l'épouse de celui ci, Clytemenestre, au moment où il rentre de Troie après dix ans de guerre. Elle l'accueille, endurcie par la douleur qu'elle a ressenti durant son absence (les rumeurs à propos de ces liaisons et de sa prétendue mort l'ont éreintée) les bras grands ouverts. Elle l'incite à la rejoindre dans le lit conjugal, caressante. Mais c'est un piège.
Dans L'Acte Inconnu, je prend en charge la partition du Mangirier Olam et de l'Enfant de Destruction. Nous avons opéré un vrai effacement de nous même, tout au long de l'année, pour retourner dans l' "Utérus du théâtre" si je peux me permettre cette expression. Un numéro de clown totalement épique, un retour à la création, décomplexée et sans limite. Lorsque je joue ce dernier, je suis forte de la scène précédente, Épave d'une maison, où lors d'une improvisation j'ai investis le rôle du Chien, dont il est question à un moment donné. M'abandonner à l'animalité m'a vraiment débridée, et me donne une craie énergie, un vrai désir de toujours réinventer ce Chien savant, de jouer avec. L'Enfant de Destruction est encore plein de bestialité, et pourtant il parle, sous l'impulsion de sa Mère Vivipare (Anastasia) "au regard d'acier". Lorsque le Mangirier Olam vient sur la toile noire présenter sa thèse, dessiner, définir ce qu'est le Langage, je démontre quelque chose qui n'a aucun sens pour le spectateur : c'est vraiment jouissif.
Enfin, dans l'Illusion Comique, Matamore était cette année, avec Alcandre, les deux points centraux qui furent travaillés. Avec Valentine, Assia, Laurine et Elodie, je prenais en charge la partition de Matamore. J'interviens juste avant l'enchaînement avec la scène des Cassandre, et le Matamore que j'interprète profère des menaces de mort plus mirobolantes les unes que les autres. A la fois dans un jeu grotesque et excessif, nos partitions ont toute une couleur singulière. La mienne serait, disons, poétique et dansée. C'est un peu le noeud que j'ai rencontré cette année, mais je le défais peu à peu, et m'approprie doucement ce masque rouge qu'il me faut porter.

Ce qui me "botte" particulièrement dans notre travail cette année, c'est la perspective d'abandonner Margot et de devenir un animal théâtral, un être tantôt canin, félin, séducteur puis repoussant, désopilant ou émouvant. Me donner à voir comme on ne m'a jamais vue. Ces choses qui sortent de moi me remplissent (tiens, c'est très antithétique) de surprise et de joie. J'ai, comme la plupart de mes camarades, envie d'en donner toujours plus, de retourner encore en encore sur la toile, et de partager cela avec elle et les futurs spectateurs.


Trombinoscope Nataly Hamon





Je m’appelle Nataly Hamon. Le théâtre est devenu pour moi une passion, après la 3ème, j’ai voulu intégrer l’option théâtre au lycée car c’était pour moi un monde encore inconnu, un monde que je ne connaissait pas mais qui m’attirait, qui m’interrogeait. C’était aussi pour moi un des moyens qui pouvait m’aider à vaincre ma timidité. J’étais très curieuse de ce monde nouveau, je n’avais jamais mis les pieds dans un théâtre, je n’avais même jamais joué sur une scène, mais au fond de moi je savais que le théâtre était quelque chose qui me plairait. En effet, depuis toute petite j’aime me donner en spectacle, me mettre dans la peau d’un personnage, ne pas être moi-même. C’est quelque chose qui me plaît beaucoup et qui me donne l’impression d’être quelqu’un: d’exister réellement, ce qui pourrait paraître paradoxal, mais je pense que c’est en « incarnant » plusieurs personnages qu’on se rend compte de qui l’on est vraiment. C’était aussi pour moi un moyen d’attirer l’attention sur moi. J’avais le besoin d’être celle qu’on écoute et qu’on regarde. Lorsqu’en seconde j’ai intégré l’option, j’ai tout de suite été enchantée. Comme je m‘en doutais, je n’ai pas été déçue, mais bien au contraire, ma curiosité m’a permis de connaître le monde du spectacle théâtral, un monde de plaisir, de joie, de bonheur. Au fil des années, mon amour pour le théâtre n’a fait que grandir: grâce à cet art j’ai su et appris qui j’étais, ce que j’étais capable de faire et je me suis surprise à me dépasser moi-même; à ne plus pouvoir me contrôler. Je crois qu’au fond de moi, et cela est mon impression, j’ai touché le théâtre-même du bout des doigts. Le sentiment de bien-être et de plaisir que l’on peut ressentir sur un plateau je ne le ressens que lorsque je joue du théâtre. Le théâtre m’a permis également de m’ouvrir aux autres, lorsque j’étais plus jeune je n’osais pas aller vers les gens, j’étais très timide et j’avais peur du regard des autres; mais grâce au théâtre j’ai appris que le regard n’était qu’ apparence et qu’il suffisait d’être soi-même. En réalité même si au théâtre on se cache derrière un masque où un personnage il y a toujours une part de soi qui entre en compte, et c’est comme ça, en tout cas pour moi, que j’ai appris à me connaître. Je sais maintenant qui je suis, ce que je suis capable de faire, mais sur tout j’ai changé. Je suis devenue une femme qui n’a plus peur du regard des autres et qui s’est ouverte aux autres. Mais le théâtre ne m’a pas uniquement apporter bien-être. Je veux dire par là que j’ai pu vivre une expérience, je pense, essentielle et unique au monde: une expérience humaine très enrichissante à tout point de vu. Vous savez de jouer dans une troupe de théâtre pendant trois ans de suite, vous fait prendre une certaine conscience de la vie, une conscience collective et humaine. Vous devez créer des liens avec des gens inconnus pour vous, vous devez partager avec eux, vous dévoiler totalement: cela paraît difficile et ça l’est, mais quand vous dégagez tout le superflu, toute la peur, toute les réticences alors vous vous rendez compte que vous êtes devant des personnes formidables, qu’elles soient des jeunes filles de 18 ans ou encore des professeurs ou des comédiens.
Comme je vous le disait un peu plus haut, grâce au théâtre j’ai été surprise de ne plus me contrôlée, d’oublier mon corps et de n’être plus moi. C’était l’an dernier lorsque nous avons mis en scène L’Odyssée d’Homère. Je jouait dans la scène du massacre, lorsqu’Ulysse rentre chez lui et se venge des prétendants. J’étais alors le narrateur qui racontait la scène, lors d’une représentation je n’ai plus réussi à contrôler mon corps, j’étais hors de moi: les mots sortaient de ma bouche sans que je puisse les arrêter. Ce jour là, je pense que j’ai vraiment ressenti et vécu le théâtre du bout des doigts. Comme dirait Novarina, je pense que ce jour là je suis devenue une marionnette, je me suis mise à nue et je suis venue « mourir » sur scène. Cette idée semble horrible dite ainsi, mais moi je ne ressentait que fierté et plaisir.
Cette année nous mettons en scène trois pièces totalement différentes, c’était un enjeux très difficile pour nous de réussir à mélanger ces trois œuvres. Nous avons notamment eu beaucoup de mal à nous familiariser avec Novarina. Cet univers « incongru » et étrange nous mettait un peu mal à l’aise. Mais au fur et à mesure des séances, nous prenions confiance en nous, et au bout d’un certain temps, il est vrai, Novarina est devenu l’œuvre la plus « simple » à interpréter. Nous nous sommes imaginées nos propres créatures et avons pris un grand plaisir à devenir des « animaux », des personnages imaginaires. Dans l’Acte Inconnu je joue Le bonhomme Nihil. Ensuite, j’ai pris le rôle de Clytemnestre, dans Agamemnon d’Eschyle, après le meurtre d’Agamemnon et de Cassandre, enfin je fait partie des filles qui disent le texte d’Alcandre, l’éloge du théâtre, dans l’Illusion Comique. Le fait que nous soyons toutes investies dans ce travail, qui prend tout son sens lorsqu'on parle d'un travail collectif nous permet de nous investir au maximun. Nous sommes alors solidaires les unes avec les autres et c'est ce qui fait notre entente et notre motivation, mais aussi notre plaisir de jouer sans jamais s'ennuyer. Nous apprenons toujours quelque chose de nouveau, car à chaque séance quelque chose change et devient nouveau. Personnellement, je m'enrichis de séance en séance.
Étant la dernière année où nous allons jouer un pièce de théâtre toutes ensembles, je suis très excitée mais aussi mélancolique à l’idée de la fin. D’avoir pu découvrir le théâtre, ce que cela m’apportait intérieurement, avec mes camarades a été pour moi une expérience inoubliable. J’ai réussi à me nourrir d’une culture générale et d’une culture artistique grâce à notre professeur, notre comédien et au travail que nous avons fait pendant ces deux dernières années. Je pense que le théâtre est l’événement de ma jeunesse qui m’a fait réagir sur la vie et qui m’a fait devenir la personne que je suis actuellement.

Marine trombinoscope


Je suis, Marine.
Il était une fois, une jeune fille qui voulait faire du théâtre, née le 5 mars 1993 dans la banlieue parisienne elle est fille unique et durant son enfance a développé un lien étroit avec le monde imaginaire. Chaque élément apparaissait comme une créature sortie de mon imaginaire, sans doute les enfants ont une imagination débordante alors qu'ici cela fusionnait avec le réel. Ce qui était vu devait impérativement être retranscrit par l'écriture ou le dessin. Comme une pellicule se déroulait dans ma tête les images, souvent cela allait trop vite et il était alors impossible de tout retranscrire même par la parole. Elle même se recréait toute seule petit à petit. Je me construisait un monde à moi toute seule. De nature réservé et timide je communiquais plus avec le monde imaginaire que le réel, le réel devenant un terrain de jeu immense. Dans les arbres, les forêts, je parcourais et grimpais un peu partout. Tout en approfondissant le dessin je m'inscrivais dans un club de lecture pour pousser encore plus loin mon imagination qui se nourrissait des livres que je lisais. De plus en plus le pouvoir de faire vivre des mots m'attirais. En 2nd j'entrais donc dans l'option obligatoire théâtre du lycée Montesquieu. La je découvris un groupe de nouveaux visages et des personnalités déjà très affirmées. J'apprenais la valeur de l'écoute et l'importance de la confiance. Je connaissais de mieux en mieux mes coéquipières, d'abord à travers la Fausse suivante de Marivaux puis avec notre épopée, L'odyssée d'Homère ou nous nous étions particulièrement investies. Le groupe nous offre des performances étonnantes et nous laisse parfois sur des déceptions. Ces déceptions sont pour ma part constructives et chacune tire de l'autre pour évoluer, on grandit ensemble. En particulier avec notre travail sur l'Odyssée j'ai mi mon imaginaire au service du groupe et j'ouvrais ma bulle aux autres. De cette manière chacune entrait dedans et la nourrissait à sa manière. Je n'aurais jamais pu croire qu'il serait possible que cette bulle s'agrandisse à ce point, cela prenait de l'ampleur et devenait notre réalité à toute.
Le théâtre nous offre de la matière en qualité culturelle, technique, analytique et surtout humain. Je pense connaître mieux mes coéquipière théâtre que certains de mes amis, car nous utilisons tout de nous quand nous jouons, on se met à nue. C'est une matière inépuisable qui se renouvelle tout le temps et qui apporte beaucoup quand on sait lui donner. Grâce à elle je m'exprime mieux et j'ai moins peur de m'adresser à un "auditoire". Le langage du corps révèle beaucoup sur sois-même, il révèle des choses que nous ne soupçonnions pas et nous tire vers un magnifique rare dans les meilleures moments.
Contrairement à l'année dernière j'ai entrepris une large partition de texte, chantre 2 dans l'acte inconnue de Novarina et une de Cassandre dans Agamemnon, j'ai pris le défit de surmonter la barrière du texte, épreuve à laquelle je n'avais jamais vraiment osé me frotter. Le théâtre est donc un moyen de se défouler et de se surpasser toujours plus, on s'étonne à prendre des risques. Pour moi cette année est peut être la plus révélatrice, se trouver c'est une chose difficile et le théâtre nous aide dans cette tache.

Cynthia Allaire


Moi c’est Cynthia, j’ai 18 ans et je suis en option théâtre obligatoire depuis maintenant trois ans. Supprimer la mise en forme de la sélection

Ma première expérience avec le théâtre a débuté en primaire, nous avions monté Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll pour le spectacle de fin d'année. C’est depuis ce spectacle que le théâtre m'est apparu comme une évidence. L’année suivante, je me suis inscrite à des cours de théâtre au centre culturel François Villon d’Enghien-les-bains. Nous avons monté des spectacles tels que Le malade imaginaire de Molière ou encore Le songe d'une nuit d'été, une comédie de William Shakespeare.

J’ai effectué mon redoublement de la classe de seconde au lycée Montesquieu. Je ne voulais pas redoubler dans mon lycée d’origine avec option italien car à l’époque mon plus grand rêve était de devenir actrice. Aujourd'hui ce rêve est toujours enfouit quelque part dans ma tête, néanmoins j’ai choisit un projet professionnel plus raisonnable : le tourisme (hôtesse de l’air). Etant une personne très extravertie, j’ai quitté le lycée Notre Dame (Sannois 95) afin de rejoindre la seconde 1, célèbre classe du groupe de théâtre, et pouvoir m’épanouir grâce à cette option. En effet, je ne me sentais pas à ma place dans mon ancien lycée, je n’ai jamais pu révéler aux autres qui j’étais vraiment.

Depuis trois ans maintenant, je m'épanouie au sein d'un groupe, cette option me fait oublier mes problèmes, pour moi c'est un pur moment de bonheur et de détente, c'est un moyen de relâcher la pression qui m'entoure, surtout à mon âge. Mais si j'ai choisit cette option, c'est aussi parce que je voulais acquérir de la technique.

En seconde, nous avons présenté La fausse suivante de Marivaux. Cette première année m'a permit de corriger mes défauts, de me redresser ou de me discipliner et de voir cette matière sous un autre angle notamment grâce aux analyses de théâtre qui ont changé mon rapport au théâtre, d'apporter un jugement ou de faire une analyse critique sur telle ou telle mise en scène.

Durant l'année de première, nous avons adapté L'Odyssée d'Homère. Ce projet a demandé beaucoup de travail et de patience pour être mené à bout mais il a été pour moi le plus beau spectacle car le résultat final était vraiment merveilleux. L'idée du projet était de représenter les différents chants par des thèmes différents (cinéma muet, chant et comédie musicale, animation avec playmobils etc.) en déambulant dans notre lycée. Pour ma part, j'ai participer dans presque tous les chants ce qui a été vraiment passionnant! Nous avons donné quatre représentations de ce spectacle et à chaque performance, nous essayions de nous surpasser encore et encore! Je pense que ce spectacle restera pour moi l'un des plus beaux moment de ma vie en tant que comédienne.

Cette année dans l'optique du baccalauréat nous avons du mêler trois oeuvres pour monter un nouveau projet collectif ( L'Acte Inconnu de Valère Novarina, Agamemnon d'Eschylle et L'Illusion comique de Corneille). Dans ce projet, j’interprète le Chantre 1 (Novarina) et l'une des Clytemnestre(s) (Eschylle). La difficulté cette année, à laquelle je n'étais pas confrontée l'année précédente était le TEXTE. En effet, il m'a fallut "assumer" une grosse partition de texte notamment dans Novarina. J'assure le récit avec le Chantre 2, nous sommes des narratrices de la mémoire, des historiennes raccontant des faits qui se sont produits, nous évoquons des générations, des peuples, des siècles etc, notre rôle est donc fondamental. Mais j'ai eu de réelles difficultés avec ce texte ainsi qu'avec celui de ma Clytemnestre. Notre travail cette année était beaucoup plus centré sur la parole que sur une "manière" de jouer! Ne pas mettre d'affects dans ce que l'on dit, donner le texte de manière simple ne pas le dramatiser, ne pas "prendre de voix", tout ceci a été très difficile. Ca a été pour nous toutes une nouvelle façon de travailler. Mais le texte n'a pas été notre seule contrainte. Il nous fallait une idée de mise en scène concrète pour notre projet, une base. L'évocation de "matières" a conduit certaines filles a proposer l'idée de la peinture. Grâce à elle, nous racontons, dessinons l'Histoire sur des toiles (blanche et noire ainsi que bâche). Sur ces toiles, nous peignons avec nos mains, nos pieds mais pas seulement, lorsqu'on franchit la toile, tout le corps s'exprime, nous sommes un peu retomber en enfance tout en y ajoutant de la rigueur! Cela demande beaucoup d'énergie et de créativité pour ne pas "stagner" et pour inventer ou réinventer. Ce projet m'a permit de me surpasser (encore!) c'était un réel défi pour nous toutes! Cette année encore, je suis très fière de ce que nous avons accompli!

Il était une fois...

Moi, c'est Valentine Verwaerde. Et oui, comme vous venez surement de le lire, je suis flamande, soyez donc indulgent avec moi.
Je vais essayer de vous dire qui je suis en quelques lignes, ou plutôt ce que j'ai bien envie de vous dire à mon sujet. Ne vous en faites pas, je n'ai pas une nature à mentir. Enfin pas vraiment.
Pour commencer, cela fait environ six ans que je fais du théâtre. J’ai commencé dans un club pour ado à la MJC de ma ville. Ainsi, lorsque j’ai su que mon lycée présentait cette option au bac, j’ai immédiatement sauté sur l’occasion. Au début de la seconde, je n’avais en réalité aucune connaissance de ce que représenterait cette option pour moi et du bienfait qu'elle m’apporterait. On peut effectivement se demander quel est le plaisir d’être projeté sur scène devant des dizaines de regards qui vous jugent, d’avoir une boule au ventre, des sueurs sur le visage, des tonnes de textes à apprendre. Et pourtant... Cette option est d’une telle richesse que l’on ne se doute pas au départ de l‘aventure qui va être la notre. Il faut pouvoir la vivre pour comprendre. Au début de l’année de seconde, nous, tous les élèves, étions extrêmement timides et complexés les uns envers les autres. Les heures de théâtre étaient difficiles car nous devions nous dévoiler devant des personnes qui nous étaient étrangères. On peut dire que nous étions en rodage. Si je raconte tout cela, c’est notamment pour faire le bilan à la fin de l’année de Terminale. Aujourd'hui, nous sommes tous unis, soudés. Plus aucune peur, plus aucun complexe ne nous animent lors de nos séances de théâtre. Au contraire, nous sommes solidaires, soutenant les difficultés des uns, acclamant les exploits des autres, et creusant un peu plus l’amitié qui nous lie. Je pense que c’est une expérience humaine extraordinaire que nous ne retrouverons pas au cours de notre vie.
D’un point de vue personnel, le théâtre m’a aidé à me découvrir et m’a ouvert une voie. Au début de l ’année de Première, en complément de l’option au lycée, je suis entrée dans une école de formation de l’acteur le samedi, afin de compléter mon apprentissage. J’ai pu ainsi opérer une comparaison entre les deux cours, et pouvoir me servir de l’un pour l’autre. Au lycée, les cours sont avant tout le moyen pour nous d’ouvrir notre esprit, et de nous éveiller à la réflexion. Les cours de théorie nous aident à structurer cette réflexion, notamment au travers des études d’œuvres, mais aussi grâce aux analyses de théâtre que nous devons effectuer. Celles-ci nous font appréhender les spectacles d’une manière différente, en ne se contentant pas de regarder, mais en ayant un esprit analytique et critique sur ceux-ci. C’est en cela que l’option théâtre, d’un point de vue individuel, est d’une grande richesse et est formatrice. Les cours de pratique sont aussi vraiment importants, car ils forment notre esprit à une part de créativité et d’inventivité. Ces cours nourrissent notre imagination et la développe.
Le théâtre m’a permis de rencontrer des personnes qui m’on réellement inspiré. Au lycée, nous travaillons avec un professeur et un intervenant comédien. Lors de mes cours extrascolaires, je travaille avec une personne encore différente. Ces trois personnes sont d’âge, de personnalité, et d’opinions différentes. C’est pourquoi travailler avec eux est un apport très enrichissant. Je travaille le théâtre de manière différente, car eux mêmes n’ont pas la même façon de l’appréhender. Je vois différentes méthodes, différentes conceptions se confronter, et c’est ensuite à moi de choisir ma voie, de faire la part des choses. Je peux me nourrir de toutes ces pensées pour créer ensuite ma propre opinion. Je pense que le théâtre nous offre une expérience humaine que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. C’est un lieu de rencontres et de discussions. En effet, une des parts du théâtre les plus extraordinaires, et les plus rares, est le fait de pouvoir avoir une parole. Rares sont les lieux où vous pouvez vous exprimer et où l’on vous écoute. Le théâtre donne la possibilité de prendre la parole et de défendre quelque chose sur scène. C’est un lieu où notre parole à une valeur.
En ce qui concerne le projet de cette année, la parole est peut-être une des choses les plus importantes. En effet, nous avons travaillé sur le texte de Novarina, ce qui n'a pas été une mince affaire. Pour commencer ce travail, nous sommes partis du plateau. Nous avons d'abord expérimenté le texte, en faisant en sorte que celui-ci provienne du corps. Nous avons abandonné tout ce qui nous avions comme a priori sur le théâtre, pour laisser place aux créatures novariniennes. C’est une des parties du travail qui m’a le plus posé de difficultés. Je n’avais pourtant aucune gène ou honte, mais je me sentais bloquée. Ce blocage a vite disparu. Je pense que la peinture a aidé à cela. En effet, lorsque l’on voit des bassines remplies de couleurs liquides, notre seule envie, c’est d’y plonger les pieds. Les profs ont même dû calmer nos ardeurs, en nous rappelant que la peinture était un accessoire au service de la dramaturgie de notre travail et n’était pas uniquement présente pour qu’on se barbouille le visage.
Cet élément est très important pour moi étant donné que j’interprète Matamore dans L’Illusion comique. Celui-ci est un personnage de la commedia dell’arte, et qui plus, est masqué. La peinture me sert donc de masque pour le personnage. Ce détail révèle la complexité de la technique dans notre travail. En me mettant de la peinture sur le visage, je ne devais pas m’en mettre dans les yeux (ce que je n’ai bien sûr pas loupé de faire à plusieurs reprises, me forçant à jouer les quinze prochaines minutes dans un univers flou). Ce détail est une fourmi parmi les problèmes techniques que nous avons rencontré. En effet, introduire de la peinture dans un lycée, n’est pas du goût de tous. (Nous n’avons toujours pas compris quel était le problème. En quoi peindre sur des draps avec nos pieds dans une salle de classe est un problème?). Quoi qu’il en soit, cela nous a appris à avoir une rigueur et une tenue sur le plateau irréprochable. Etant donné que nous sommes presque toujours à vue, nous ne pouvons nous permettre de nous gratter les fesses pendant le temps de la représentation. Ce serait sans doute un peu perturbant pour le spectateur. Notre concentration doit être totale, et notre écoute doit toujours être à 100% avec le plateau.
Quant à ma partition d’Agamemnon, elle est un peu particulière. Nous sommes 17 filles dans le groupe, et nous jouons de cette contrainte sans tricher, c’est à dire sans jouer des garçons. Pourtant, Laurine et moi interprétons le rôle de l’émissaire, qui revient de la guerre de Troie et qui annonce le retour de son roi. Jouer le rôle d’un guerrier qui revient essoufflé et fatigué de la guerre n’est pas quelque chose de facile pour des jeunes filles de 17 ans. C’est pourquoi, avec Laurine, nous avons rencontré des difficultés. De plus, nous ne sommes que deux à interpréter ce personnage, alors que les autres filles sont en général par quatre ou six pour leur partition. Nous avons au début été un peu perdues. De plus, nous avons une contrainte de jeu qui n’est pas facile car nous jouons toutes les deux dans le même pull. Les déplacements et les mouvements devenaient deux fois plus compliqués. Nous avons dû dépasser cette contrainte, pour qu’elle devienne une liberté et un appui de jeu. En réalité, ce pull nous a aidé à appréhender ce que c’était que de porter un vêtement lourd et réduisant les mouvements, comme une armure par exemple.
Pour finir cette présentation, j’ajouterais le fait que le théâtre à été pour nous une expérience. Il nous a été d’un apport plus que bénéfique. Il nous a libéré. Il a ouvert notre esprit, notre personnalité, notre vision du monde. Si je devais résumer en un mot ce que m’a apporté le théâtre, ce serait sans doute une perspective d’avenir.

Trombinoscope de Assia





J'ai choisi l'option arts dramatiques, car ayant commencé à pratiquer le théâtre à l'école primaire, dans une toute petite production scolaire, l'art de la scène est devenue bien que tardivement, une passion pour laquelle j'ai décidé de consacrer une partie de mes études. Je pratique également la danse Orientale depuis maintenant huit ans et débute bénévolement depuis un an en tant que professeur de danse Bollywood(indienne), au sein de la Maison des jeunes et de la Culture (MJC) de la commune d'Herblay. Je suis donc un peu « habituée » à être confrontée à la scène et au public, c'est pourquoi à mes début dans le théâtre en classe de seconde je ne comprenais pas vraiment pourquoi l'idée d'entrer sur scène me rebutai. Étrangement, je n'avais pas envie d'être confrontée au regard des autres, car je n'avais pas envie de « m'exposer » et d'être jugée. Mais par la suite, j'ai pu me rendre compte que finalement le théâtre était l 'opposé de l'image que j'en avais: hors mis les personnages que nous devons incarner sur le plateau; l'ultime consigne est de rester nous même, le plus vrai possible. Accepter de monter sur une scène et d'affronter les gens qui m'entourent a été pour moi comme une sorte de « thérapie » me permettant finalement, de me débarrasser de certains complexes et de certaines idées préconçues qui avaient bâtit autour de moi, un mur ou plutôt une sorte de carra passe, m'empêchant d'être celle que je suis réellement. Au delà de cela, il m'a également permis de m'ouvrir aux autres et de découvrir des facettes de ma personnalité insoupçonnables. Aujourd'hui, bien plus que cela, le théâtre représente pour moi une réelle expérience humaine, car il m'a permis non seulement de me découvrir moi même mais également de m'ouvrir aux autres. En effet, l'aspect collectif du travail théâtral est l'une des choses qui m'a le plus attiré, car je trouve que cela nous permet de prendre conscience des autres et de prendre conscience de nos responsabilités. C'est pourquoi, j'ai choisi cette option qui favorise un rapport différent avec les études et la scolarité par rapport aux autres options, et qui représente bien plus que des connaissances : qui nous aide à construire une réflexion personnelle, un esprit critique et surtout toute une culture très riche. Mais le théâtre me met aujourd'hui face à un dilemme: continuer le théâtre en spécialité pour en faire un métier, ou bien continuer le théâtre comme une « passion à côté »? Question à laquelle il m'est extrêmement difficile de répondre aujourd'hui encore, mais il est sur et certain que ma relation avec le théâtre ne s'arrêtera pas là, car nous avons encore énormément de choses à partager et j'ai encore tellement à apprendre.